l’inspiration des pays-bas

L’immeuble résidentiel a été conçu par le bureau néerlandais Natrufied Architecture. En 2023, il a remporté le prix d’architecture d’Amsterdam. Le jury a salué la manière dont De Warren aborde simultanément les principaux problèmes auxquels la ville est confrontée, tels que l’accessibilité financière, le climat et la communauté. « Si un tel projet devait voir le jour sur chaque kilomètre carré ou dans chaque quartier, il aurait un impact positif majeur sur la propriété et le contrôle dans la ville », peut-on lire dans le rapport du jury du prix d’architecture d’Amsterdam 2023.

La collectivité au cœur du projet

L’idée centrale de De Warren est la vie collective. Au cours d’une série d’ateliers, le groupe de résidents a déterminé que 30 % du bâtiment devrait être constitué d’espaces collectifs. Cela a permis de réserver une surface d’environ 800 m2 à des fonctions communes, telles qu’un grand auditorium, un espace multifonctionnel, une salle de jeux pour enfants, un studio de musique, plusieurs bureaux à domicile, une salle de repos, un jardin d’hiver, une terrasse sur le toit et plusieurs salles de séjour et cuisines communes. Les espaces collectifs sont disposés le long de l’escalier dit « Machu Picchu » qui relie tous les étages. L’espace collectif est placé au centre du bâtiment, ce qui lui permet de faire partie de l’itinéraire quotidien des résidents et de favoriser ainsi les contacts mutuels.

Pendant la phase de conception de De Warren, les architectes ont écouté attentivement les commentaires du groupe de futurs résidents. Les coopérateurs avaient une forte préférence pour l’utilisation de matériaux naturels, un espace suffisant, de l’air frais, des espaces verts publics et des possibilités de contacts sociaux. Même après l’achèvement du bâtiment résidentiel, le groupe a opté pour une structure de consultation, où tous les résidents ont leur mot à dire pour façonner ensemble leur cadre de vie. Ce sentiment d’appropriation, d’implication et de responsabilité crée un esprit de communauté qui génère une valeur sociale positive.

Partage des connaissances

En outre, la coopérative d’habitation De Warren souhaite également assumer sa responsabilité vis-à-vis du quartier et de la ville. Par exemple, certains équipements sont partagés plus largement qu’au sein du groupe de résidents lui-même. L’introduction de voitures partagées, l’aménagement d’espaces semi-publics et le partage d’outils et d’autres objets constituent un élément central de De Warren. Le projet Centrumeiland offre donc de grandes opportunités pour un avenir dans lequel la coopérative d’habitation devient courante et agit également comme un laboratoire vivant pour l’innovation urbaine.

Par le biais d’une documentation, d’une analyse et d’une publication approfondies, la coopérative d’habitation vise à partager les enseignements tirés du processus avec le grand public. Elle souhaite notamment aider d’autres groupes à réaliser le même rêve de logement. Les enseignements tirés de ce processus ne concernent pas seulement les connaissances acquises en termes de participation, mais aussi l’aspect de la durabilité et les choix réfléchis en matière de conception et de matériaux. Par exemple, l’équipe de conception a choisi une structure porteuse composée d’une structure de poteaux et de poutres en bois. Si une disposition différente est souhaitée à l’avenir, les murs intérieurs légers peuvent être enlevés.

Bois recyclé

Le revêtement de la façade du bâtiment est constitué de « freins » recyclés. Il s’agit de structures dans l’eau qui ralentissent les navires lorsqu’ils approchent d’un pont ou d’une écluse et risquent d’entrer en collision avec eux. Pour que les planches aient la bonne épaisseur pour le bardage, elles ont été coupées en deux dans le sens de la longueur. Une façade respectueuse de la nature, faite de poteaux d’amarrage recyclés, contre laquelle de la verdure peut pousser, a été installée devant les freins. Les jardinières fixées à la façade avant utilisent l’eau de pluie recueillie sur le toit. L’utilisation de bois recyclé tant pour les façades que pour la structure porteuse principale, les éléments de façade à ossature bois, les cadres de fenêtres et les murs intérieurs fait de De Warren un projet particulièrement durable.

En termes d’énergie, la décision a été prise de ne pas se connecter au réseau de chauffage local, mais de conserver la production de chaleur à l’intérieur du bâtiment. En raison des conditions du sol, il a fallu utiliser des pieux de 30 mètres. Ces pieux ont été transformés en « pieux énergétiques ». Il s’agit d’extraire la chaleur et le froid du sol, qui sont distribués dans le bâtiment au moyen des pieux par l’intermédiaire de tuyaux et d’une pompe à chaleur. En outre, la production d’énergie propre à De Warren est maximisée grâce aux 196 panneaux solaires installés sur le toit du bâtiment résidentiel. Le résultat est un projet avec une valeur EPC de -0,15.

Adresse Nydia Ecurystraat 31 1087VV Amsterdam (NL)

Architecte Natrufied Architecture BV

Maître d’ouvrage Wooncoöperatie De Warren

Programme 36 unités de logement et 800m2 d’espaces collectifs

Achèvement 2022

Photo Jeroen Musch

En tant qu’architecte, Jan Wils était fortement associé à De Stijl, un mouvement artistique néerlandais qui comprenait également Piet Mondrian, Theo Van Doesburg et Gerrit Rietveld. Ils ont exercé une forte influence sur l’art et l’architecture aux Pays-Bas par le biais de leur magazine éponyme, De Stijl. Ils visaient une version radicalement nouvelle de l’art et de l’architecture, tenant compte des possibilités techniques, scientifiques et sociales de l’époque. En particulier, les architectes de De Stijl pensaient de l’intérieur vers l’extérieur lorsqu’ils concevaient leurs bâtiments. Pour concevoir les maisons du Papaverhof, Jan Wils est également parti des besoins primaires de la vie, ce qui est toujours fortement ressenti par les résidents actuels.

L’association de 68 maisons unifamiliales autour de la cour verte est très particulière. Jan Wils s’est beaucoup inspiré des cités-jardins d’Ebenezer Howard, mais il a néanmoins conçu une liaison et une typologie de logement uniques au Papaverhof. Il s’agit de maisons très compactes avec un espace de vie du côté de la rue et une cuisine avec une fenêtre à l’arrière. Les maisons sont reliées par paires le long de la rue, mais ont également des murs communs avec les maisons situées de l’autre côté de la rue. Cela crée des allées privées spéciales auxquelles sont adjacentes les portes d’entrée de deux maisons d’un côté de la rue et les fenêtres des cuisines des maisons de l’autre côté de la rue. Les fenêtres de l’espace de vie sont conçues pour être très grandes afin de maximiser la vue sur Papaverhof.

D’un point de vue technique, la conception des maisons de Papaverhof était également très ingénieuse. Après la guerre, il y a eu une énorme pénurie de matériaux de construction et les briques étaient trop chères. Jan Wils a donc décidé de fabriquer du béton avec des pierres provenant d’Allemagne (déchets résiduels des bombardements). On pourrait dire qu’il a construit de manière circulaire, « avant-la-lettre ». Ce qui est particulier, c’est qu’en travaillant sur leur maison, les habitants actuels retirent parfois une boîte de sardines, un couvercle, … du mur. Les descentes d’eau pluviale prévues à l’intérieur étaient une moins bonne idée. En raison de nombreuses fuites, elles ont été remplacées par de nouvelles descentes à l’extérieur des maisons.

Les rénovations nécessaires aux maisons de Jan Wils se sont à chaque fois révélées être un défi majeur. Lors des premiers grands travaux de rénovation dans les années 1960, toutes les maisons ont été mieux isolées et certains profils de fenêtres ont été remplacés en raison de problèmes d’humidité. Lors d’une deuxième série de rénovations en 2004-2006, le budget nécessaire était si important que la coopérative d’habitation a opté pour un mode de financement spécial. Les habitants des maisons individuelles se sont vus proposer de racheter leur droit au logement. Pour ce droit d’habitation, les résidents pouvaient contracter un intérêt hypothécaire auprès de la banque, qui était également déductible fiscalement. Le droit d’habitation s’élevait à 175 000 euros, soit 75 % de la valeur du marché à l’époque. Si les habitants veulent vendre le droit de séjour aujourd’hui (en cas de déménagement), une clause anti-spéculative garantit que la coopérative peut racheter le droit de séjour. Comme la coopérative n’a pas besoin d’argent supplémentaire aujourd’hui, elle essaie de louer les droits d’habitation dans la mesure du possible.

Les statuts de l’association coopérative indiquent également très clairement qu’elle ne poursuit pas un objectif de profit, mais plutôt un objectif de conservation. En ce qui concerne les rénovations, il est frustrant de constater que les services du patrimoine s’efforcent de restaurer et de préserver autant que possible les anciennes techniques ou les anciens matériaux. Cela semble contradictoire avec la vision de Jan Wils, qui, en tant qu’architecte progressiste, recherchait simplement les techniques les plus innovantes.

Ce qui rend le Papaverhof unique, ce n’est pas seulement l’architecture, mais aussi la gestion de la coopérative d’habitation. Ainsi, les résidents gèrent ensemble ce monument national depuis 100 ans. Par le passé, il y a eu des tentatives de confier la gestion à une société de logement ou à une autre association, mais cela a engendré trop de frustrations. En effet, le monument national ne peut pas être entretenu avec des matériaux de construction traditionnels. La réparation des façades extérieures ou des murs de jardin, par exemple, nécessite un mortier spécial en provenance d’Allemagne. Il y a quatre ans, la coopérative a donc décidé de reprendre l’entretien et la gestion en main. Il s’agit d’une attitude noble de la part des trois administrateurs-citoyens motivés, qui a un impact important sur le temps qu’ils consacrent à la coopérative.

Adresse 2565 BX La Haye, Pays-Bas

Programme 128 maisons de classe moyenne (68 maisons individuelles et 60 maisons à étages)

Architecte Jan Wils

Maître d’ouvrage Association coopérative d’habitation Daal en Berg

Période de construction 1921

Photo et texte Peggy Totté

L’immeuble comptait 188 appartements, ainsi que des équipements collectifs tels qu’une salle de lecture, un restaurant, des magasins avec des espaces de bureaux et d’entrepôts, un bureau de poste, un abri à vélos et des terrasses sur le toit. Les résidents pouvaient faire appel à de l’aide pour les travaux ménagers ou se faire livrer les courses. Un personnel de 35 personnes était à leur disposition. Et le loyer n’était certainement pas bas. Le plan original de Het Nieuwe Huis est toujours intact, à l’exception de la salle de lecture. La bibliothèque et le bureau de poste sont également toujours utilisés.

Aujourd’hui, Het Nieuwe Huis est toujours une coopérative d’habitation, exclusivement réservée aux personnes seules. Au début du bail, chaque résident doit acheter une part. En fonction de la taille de l’appartement, ce montant varie entre 130 et 230 euros. Il est formellement interdit de cohabiter ou de sous-louer en Air BnB.

Aujourd’hui, Het Nieuwe Huis compte 188 résidents, le plus jeune ayant 22 ans et le plus âgé 97. 47 % des résidents sont des hommes et 53 % des femmes. En tant que nouveau résident, vous ne pouvez prétendre qu’à un appartement d’une chambre à coucher, qui comprend une pièce de 4 mètres sur 5 avec des armoires encastrées, une kitchenette, des toilettes et un couloir. Des salles de bains communes sont prévues dans chaque couloir. Ce n’est que plus tard que l’on peut prétendre à un appartement à plusieurs pièces.

Architecte Barend van den Nieuwen Amstel

Adresse Roelof Hartstraat 50, 1071 Amsterdam, Pays-Bas

Type Appartement

Date d’achèvement 1927