Dans l’exposition Dogma : Stadsvilla à DE SINGEL à Anvers, le bureau d’architectes Dogma, basé à Bruxelles, présente la villa urbaine comme un modèle optimal pour l’habitat collectif et coopératif. Ce type de logement offre non seulement une réponse à l’augmentation du prix des terrains en milieu urbain, mais répond également au besoin d’une forme de vie durable et sociale, où les espaces partagés occupent une place centrale. Dogma voit la villa urbaine comme une réinterprétation des typologies de logement historiques, combinant les avantages de la vie collective avec l’accessibilité financière.
La villa urbaine est un logement multifamilial de taille moyenne qui, à partir du XIXe siècle, est devenu un type important dans de nombreuses villes européennes et au-delà. Sa conception compacte et son caractère souvent spéculatif ont fait de la villa urbaine une forme populaire d’habitat urbain, en raison de sa capacité à héberger plusieurs ménages dans un espace relativement restreint. Bien que ce type de logement ait parfois eu une réputation spéculative, il a toujours attiré une population diversifiée, en partie grâce à son caractère hybride : plus petite qu’un immeuble résidentiel, mais plus grande qu’une maison unifamiliale.
Des systèmes flexibles
Dogma s’inspire des recherches de l’architecte allemand Oswald Mathias Ungers, qui, dans les années 1970, a analysé le potentiel de la villa urbaine pour la densification urbaine. Selon Ungers, la villa urbaine représentait la solution idéale pour maintenir la densité et l’intégrité des villes sans sacrifier l’expérience de vie associée aux maisons de banlieue. Dogma reprend cette idée et l’adapte aux enjeux contemporains de logement abordable et de vie coopérative. Pour eux, la villa urbaine est le modèle par excellence pour soutenir les coopératives, intégrant dans un même bâtiment des fonctions résidentielles, professionnelles et collectives.
La vision de Dogma en matière de logement coopératif met l’accent sur la flexibilité et la création d’une communauté. Les villas urbaines sont conçues comme des systèmes ouverts, où la disposition des logements peut évoluer pour répondre aux besoins changeants des résidents. Par exemple, des chambres peuvent être converties en unités plus grandes ou plus petites selon la taille du ménage. La possibilité de partager des espaces communs, comme des cuisines, des garderies ou des centres de soins, renforce la cohésion sociale et encourage un sentiment de responsabilité collective.
Un terrain d’essai pour la densification
En collaboration avec l’équipe d’architectes de la ville d’Anvers, Dogma a sélectionné trois sites stratégiques pour y développer de nouvelles villas urbaines dans le but de promouvoir la densification de la ville. Ces sites, situés notamment en périphérie d’Anvers, offrent une occasion unique d’expérimenter différentes formes de l’habitat coopératif. La taille intermédiaire des villas urbaines permet d’augmenter la densité tout en laissant de l’espace pour des zones vertes accessibles et des jardins communs.
L’un des projets les plus connus de Dogma est Gaius, une proposition d’habitat coopératif à Merksem. Ce projet prévoit des rangées de villas urbaines au sein d’un grand ensemble résidentiel, qui abrite actuellement des écoles et des clubs de jeunes. La conception vise à créer un espace pour des coopératives d’habitat et de nouvelles infrastructures scolaires, tout en préservant les fonctions existantes du site.
Les villas urbaines du projet Gaius sont organisées en damier, avec des maisons entourant des jardins intermédiaires. Ces jardins, au cœur de la communauté, s’étendent dans un parc plus vaste, respectueux de la végétation locale. L’organisation linéaire des pièces, toutes reliées par un balcon continu, permet d’adapter les logements aux besoins changeants des résidents. Gaius devient ainsi un modèle flexible d’habitat coopératif, où les résidents ne sont pas seulement propriétaires d’un appartement, mais gèrent collectivement l’ensemble du bloc résidentiel.
L’exposition Dogma : Stadsvilla, organisée par l’Institut flamand d’architecture (VAi), est visible jusqu’au 9 février 2025 à DE SINGEL, Anvers.