Le jeudi 6 novembre, le STAM à Gand organise, en collaboration avec Architectuurwijzer et dans le cadre de l’exposition Ici, je veux vivre !, une deuxième soirée-débat consacrée à l’habitat coopératif. Après une première rencontre sur le logement étudiant, c’est cette fois le patrimoine qui sera au centre des échanges. Comment le modèle coopératif peut-il préserver des lieux historiquement précieux tout en leur donnant une nouvelle actualité ? Deux cas inspirants l’illustrent : le béguinage de Termonde, où l’on cherche un avenir renouvelé grâce à l’habitat coopératif, et la Papaverhof à La Haye, où les habitants gèrent collectivement leur patrimoine depuis cent ans. L’inscription à cette soirée est gratuite et se fait via le site web du STAM.
Le béguinage de Termonde, site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, est un lieu exceptionnel où l’histoire séculaire demeure tangible. Les maisons qui entourent la cour fermée dessinent une enclave silencieuse et verdoyante au cœur de la ville, à la fois inspirante et fragile. De nombreux logements se trouvent dans des états très variables : certains sont encore habitables, d’autres sont vides ou présentent de graves défauts. Pourtant, ils révèlent un potentiel résidentiel étonnamment actuel, avec des typologies compactes qui restent pertinentes aujourd’hui. Leur situation centrale, entre la gare et le centre-ville, renforce encore l’attrait du site. Le béguinage se trouve cependant à un tournant : après des années d’études et de dossiers inachevés, l’ambition grandit de mettre en place une stratégie d’avenir durable.
Cet avenir pourrait bien être coopératif. Avec la Ville de Termonde et l’asbl Begijnhof, le bureau Miss Miyagi étudie comment une coopérative d’habitat pourrait sauver et réactiver ce site patrimonial. Le modèle présente plusieurs avantages : il évite la fragmentation de la propriété, rend possibles des rénovations respectueuses et crée en même temps des opportunités de logement abordables. Les habitants deviendraient copropriétaires de la coopérative plutôt que propriétaires d’un bien individuel, ce qui garantit une gestion collective de l’ensemble. Le béguinage pourrait ainsi redevenir une communauté vivante, ouverte au soin, à la rencontre et à la solidarité. Pour l’intervenant Michiel Van Balen de Miss Miyagi, c’est une occasion idéale de donner une traduction contemporaine à un mouvement citoyen historique, né d’un lieu où des femmes religieuses vivaient et travaillaient ensemble.
La Papaverhof de Jan Wils
Le second exemple, la Papaverhof à La Haye, montre comment ce modèle fonctionne concrètement depuis un siècle. Ce quartier-jardin, conçu par l’architecte Jan Wils et construit en 1921, est mondialement unique comme ensemble résidentiel dans l’esprit de De Stijl. La société coopérative de logement Daal en Berg y gère 128 habitations, dont 68 maisons unifamiliales autour d’une cour verte et 60 appartements en périphérie. La gestion par les habitants eux-mêmes s’avère décisive : malgré des coûts d’entretien élevés, des restaurations complexes et des règles patrimoniales strictes, le modèle collectif continue de tenir. Grâce à une combinaison de droits d’usage, de clauses anti-spéculatives et de décisions communes, les résidents ont pu préserver leur monument, même au travers de périodes financières difficiles.
Ce qui rend la Papaverhof remarquable, ce n’est pas seulement l’architecture avant-gardiste de Wils, inspirée à la fois par l’idée de cité-jardin et par De Stijl, mais aussi la cohésion sociale qui naît de la coopérative. Les habitants participent à l’entretien, se répartissent les responsabilités via des groupes de travail et construisent un lien fort entre eux et avec le lieu. Pour Jos Praat, qui viendra partager son expérience en tant qu’habitant et coopérateur, la Papaverhof est la preuve vivante que patrimoine et communauté peuvent se renforcer mutuellement. Elle démontre que la propriété collective peut ancrer durablement non seulement des logements, mais aussi un site patrimonial, et devenir ainsi un modèle pour de nouvelles expérimentations en Flandre.
Vue aérienne : le béguinage Saint-Alexius à Termonde © Miss Miyagi