Les habitantes et habitants de Genève disent massivement oui à davantage de coopératives


Les Genevoises et Genevois ont envoyé dimanche un signal sans ambiguïté lors d’un référendum cantonal : avec 60 % des voix, ils se sont prononcés en faveur d’une forte augmentation du nombre de coopératives d’habitat. L’initiative, lancée par le Groupement des coopératives d’habitation genevoises (GCHG), vise à ce qu’au moins 10 % des logements de la ville soient gérés de manière coopérative d’ici 2030. Aujourd’hui, cette part ne dépasse pas 5 %. Le résultat a surpris autant les partisans que les opposants. La population a clairement choisi les coopératives comme levier dans la lutte contre la crise du logement à Genève, d’autant que les loyers y sont jusqu’à 40 % moins élevés que sur le marché libre.

Pendant la campagne, les opposants ont averti que l’objectif des 10 % en cinq ans était irréaliste et financièrement trop lourd. Les partis libéraux et de droite, soutenus par le secteur immobilier, ont parlé d’un délai impossible à tenir et ont pointé le manque de terrains disponibles pour construire. Les défenseurs de l’initiative ont toutefois pris le dessus en mettant en avant la valeur sociale, démocratique et écologique de l’habitat coopératif. Un large front réunissant partis de gauche, Centre et organisations de la société civile a souligné que les coopératives ne fournissent pas seulement des logements abordables, mais contribuent aussi à des quartiers plus solides et à une participation accrue des habitants à leur cadre de vie.

Davantage de coopératives pour répondre à la crise du logement à Genève

Selon Antonio Hodgers, ministre cantonal de l’Aménagement du territoire, l’initiative offre une « perspective raisonnable et réalisable », notamment au regard de l’exemple de Zurich où environ 20 % du parc résidentiel est déjà géré de manière coopérative. Pour atteindre l’objectif, les autorités pourront activer leur droit de préemption et, en dernier recours, même recourir à l’expropriation. Bien que ces outils existaient déjà sur le plan juridique, ils sont désormais explicitement liés à l’ambition coopérative. Pour Hodgers, il s’agit d’un instrument à n’utiliser qu’en cas d’extrême nécessité, mais le message envoyé au marché immobilier est clair : Genève veut changer de cap dans sa politique du logement.

Des questions subsistent néanmoins quant à la mise en œuvre. Les opposants craignent que le seuil financier reste élevé pour les habitants, puisque l’entrée dans une coopérative suppose l’achat de parts. La réserve limitée de terrains pourrait également freiner le rythme des nouveaux projets. Les partisans rétorquent que la pression issue du référendum obligera justement les pouvoirs publics à faire preuve de davantage de créativité dans leur planification territoriale. Les prochaines années diront si Genève parvient à concrétiser cette ambition. Une chose est certaine : avec le référendum de dimanche, les habitantes et habitants ont exprimé haut et fort leur volonté d’avoir plus de coopératives, une étape susceptible de renforcer à la fois l’accessibilité financière et la cohésion sociale en ville.

Sources : 20 Minutes (28.09.2025), Radio Lac & Keystone-ATS / Tribune de Genève

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